mardi 26 avril 2016

Barack Obama. Discours du 25 avril 2016 à Hanovre. (Extraits)


"Nous devons défendre nos valeurs, pas seulement quand c'est facile, mais également quand c'est difficile.
En Allemagne, plus que partout ailleurs, nous avons appris que ce dont le monde avait besoin, ce n'est pas de murs supplémentaires. Nous ne pouvons nous définir par les barrières que nous érigeons pour empêcher les gens d'entrer chez nous ou d'en sortir. À chaque carrefour de notre histoire, nous avons avancé lorsque nous avons agi en fonction de ces idéaux éternels qui nous incitent à être ouverts les uns envers les autres, et à respecter la dignité de chaque être humain.

Et je pense à tous ces Allemands et à tous ceux qui en Europe ont accueilli ces migrants chez eux car, comme le disait cette femme à Berlin, "nous devions faire quelque chose" juste ce désir humain de voir la génération suivante entretenir de l'espoir."

dimanche 24 avril 2016

"L'inutile et le nécessaire". Echanges avec Rémy Butler à l'ESA. (Très) petit résumé.



Rémy Butler vient de sortir un livre : "Réflexions sur la question architecturale".
Il avait accepté de venir s'en entretenir avec un groupe d'étudiants ce samedi matin à l'ESA.
Pour Rémy Butler, il existe deux grands moteurs de la mutation du monde actuel : l'accroissement du nombre et l'accélération de la division intellectuelle du travail.
L'une des conséquences majeures du 1er facteur est le risque que les procédures "prennent le pas sur les choses".
Le second facteur interroge la notion de "tout et de parties". Dans le cadre de l'accélération de la division intellectuelle du travail, l'aspiration à faire un tout garde-t-elle sa pertinence ?
A l'occasion de l'échange, Rémy Butler a abordé quelques uns de ses thèmes de prédilection comme :
- A quoi sert l'architecture au-delà de la fonctionnalité ?
- La question de la cabane et de la tombe : le discours de la rationalité pour la première et la question du temps pour la seconde
- "L'inutile et le nécessaire" à mettre en perspective de la notion d'architecture
- La notion de sacré existe-t-elle encore dans notre société, et en particulier dans l'architecture, dont elle serait une composante essentielle ? La sacralisation du domestique n'est-elle pas à l'ordre du jour
?
Ajout quelques jours plus tard : comment n'ai-je pas pensé à évoquer "l'espace inutile" de Georges Perec dans son ouvrage "Espèces d'espaces" ?
Et puis, moins d'une semaine après cette conférence, c'est un autre architecte, Patrice Novarina, qui m'entête ait de cette "notion".
C'est décidé : "inutile" viendra s'acoquiner avec "doute" et "impasse" pour composer le triptyque de base de mon enseignement à la Cuture du Projet auprès des futurs ingenieurs.

Lettre à Frédéric Edelmann

Cher Frederic Edelmann,
J'aurais préféré adresser ce mail à votre consœur Marie Pellefigue (mais je n'ai pas son adresse) elle qui signe, dans le supplément "argents et placements" (?) du Monde daté de ce dimanche, quelques lignes à propos de la cité scolaire Paul Valéry dans le 12ème, sans juger bon de mentionner le nom des architectes (une image de synthèse illustre "l'article" sans indications non plus).
Je m'interroge :
1) Pourquoi ce type "d'article" figure-T-il dans ce supplément ? Peut-on y placer son épargne ? 
2) Pourquoi l'anonymat des auteurs ? S'agit-il d'un nouveau produit choisi sur catalogue ? Considère-T-on qu'il s'agit d'un paramètre accessoire dans la mesure où le nom des architectes n'est pas (encore) côté au Cac 40 ?

jeudi 7 avril 2016

La Grande Arche

« La Grande Arche », roman documenté de Laurence Cossé, évoque l'histoire tourmentée d'une sorte de créature fantastique née de l'imagination fulgurante de son créateur, le danois Johan Otto von Spreckelsen, architecte quasi-inconnu avant de se voir confier, par une grâce présidentielle, le cadeau empoisonné d'édifier ce qui devait être le point d'orgue du quartier d'affaires de La Défense.
Von Spreckelsen, dont le parcours architectural se résumait à l’époque de sa désignation à la conception de 3 ou 4 églises et de sa maison, dut boire la coupe de ciguë (presque) jusqu'à la lie et mourut prématurément, déchu volontaire de son œuvre, trompé par ceux-là même qui l'avaient soutenu, vaincu par le "Big business", écrasé par la masse de son projet autant que par la complexité de son exécution.
L’épopée aux accents tragiques de Laurence Cossé fera s'interroger les "hommes de l'art", cette tribu hétéroclite de politiques, financiers, architectes et techniciens dont la vie est attachée à la construction de tels ouvrages, même si la Grande Arche, ce "cube vide" sacralisé, reste un projet exceptionnel. Peut-être en tireront-ils quelques réflexions : que l'architecture est essentiellement un art, mais pas seulement, et qu'un bâtiment, aussi monumental soit-il, n’est pas réductible à une sculpture

Paris est une fête !



Il paraît que le monde en général, et la France en particulier, est en crise. Nous avons plus de 10 millions de chômeurs, un pourcentage croissant de la population vit dans une très grande précarité quand un autre pourcentage - celui des plus riches - affiche une santé indécente (les vases communicants ?). Pourtant, l'inauguration somptueuse de cette réhabilitation d'un ensemble immobilier en plein cœur de Paris, ne laissait pas deviner, ce jeudi soir, cette situation de crise. Nous étions un millier, paraît-il, à profiter du champagne à volonté, des barbes-à-papa au foie gras, des tartares de saumon, dorade ou autre bar préparés à la minute, des plateaux de petits fours salés d'une sophistication extrême qui se faufilaient au travers de la foule guidés par une armée de serveurs en livrées aux armes d'un traiteur réputé. Tumulte, luxe et plaisirs effrénés. J'y retrouvai des têtes connues et des parfums oubliés. Une dame au visage tuméfié par les interventions chirurgicales à répétition m'était présentée par une jeune femme moins torturée qui se fourvoyait avec une insouciance coupable dans la transaction immobilière des surfaces de bureaux inférieures à 2000 m2, exclusivement en "Première couronne". Un couple d'architectes déjantés mais sympathiques m'encourageaient dans mes activités paranormales d'écriture. Un promoteur endimanché dont la bouche imite à la perfection celle du canard de barbarie, refusait avec une moue dédaigneuse les assauts des petits-fours afin de préserver une silhouette obligée de se produire cet été sur une quelconque plage familiale des rivages de l'Atlantique. Un homme politique déambulait, d'un pas mal assuré, la bouche gavée de saumon fumé. De vieux faisans de la profession s'exerçaient maladroitement au jeunisme. De jeunes pousses s'employaient à faire adultes et considérés. Dans tous les recoins on découvrait une nouvelle attraction : des sommeliers prodiguaient leurs meilleurs conseils en offrant des crus remarquables à des palais ignorants ; un studio de photos vous embobinait dans un décor de rêve ; dans un patio exotique un orchestre de jazz produisait des standards que le bruit des conversations de salon couvraient sans scrupules. Il est probable que certains trésors de cette caverne d'Ali Baba m'ont échappés. Des obligations familiales m'obligèrent à prendre bientôt congés de ces festivités aberrantes avant que les régiments de petits-fours - sucrés cette fois - ne se sacrifient sur le champ de bataille de cette assemblée satisfaite.


Circulant dans les rues de Paris dans l'habitacle douillet de mon véhicule, je remarquais sous les portes cochères des amas de linges sales, des tas d'ordures, des empilements hétéroclites d'où surgissait parfois une hypothèse de vie humaine. Alors une envie furieuse m'a tiraillé d'appeler cette tribu de congédiés de l'existence à une insurrection violente. Et puis, passées quelques minutes, ma lâcheté ordinaire a repris le dessus me poussant mollement à renoncer : que pouvais-je bien y faire ?