vendredi 31 août 2012

Common Ground à Venise (Part 1)


Common ground signifie "terrain d'entente" ; c'est le thème choisi pour la biennale d'architecture de Venise par son commissaire, David Chipperfield (non, pas celui qui fait disparaître des semi-remorques), architecte britannique, auteur de la rénovation-résurrection du Neue Museum de Berlin. Les architectes invités, ainsi que les pays qui possèdent un pavillon, jouent normalement le jeu de décliner ce thème dans leurs installations. C'est bien entendu le cas d'Herzog et de Meuron, l'une des agences les plus starisées, qui ont pris totalement le contrepied du slogan pour plutôt mettre en scène la discorde, voire la croisade, que la presse entretient sur leur projet de la Philharmonie d'Hambourg. Leur propos est de montrer ce qui ne se voit pas encore et qui est le fruit d'un travail de concertation entre les multiples intervenants d'un tel projet ; travail invisible pour celui qui ne s'attache qu'à l'image.


Maison commune de Rikuzentaka
Le pavillon japonais - qui a remporté le Lion d'or - présente un travail parfaitement en accord avec le leitmotiv de Chipperfield : autour de Toyo Ito et de quelques architectes, les habitants d'une petite ville dévastée par le Tsunami de 2011, ont conçu une "maison commune" dont l'architecture a été pensée en fonction des espaces souhaités par les habitants, et dont la structure est composée par des énormes troncs d'arbre déracinés par le cataclysme. Le tout, qui est en cours de construction, ne ressemble à rien de ce qui a déjà été vu, dans une intelligence globale constructive qui n'est pas dénuée d'une certaine plasticité.
Les arbres qui percent les lames de béton
Un lapin de Vatanen ?
Le pavillon finlandais, oeuvre de Svet Fehn (irréfutablement le plus beau de tous) propose des installations toute en subtilité, où l'humour et le rapport homme- nature sont omniprésents. Une boîte à idées pour qui veut être inspiré dans le processus d''élaboration du projet, et un petit lapin tout blanc, dressé sur ses pattes et se voilant les yeux avec ses antérieurs (certainement face à la maltraitance de la planète) sont remarquables.
Le café reproduisant un espace du squat spectaculaire de Torre David, une tour de bureaux de 45 étages à Caracas, construite et jamais achevée pour le siège d'une banque (750 familles l'ont investi et y habitent aujourd'hui), mérite également son Lion d'or. Ici point d'architecte, mais une réapropriation de lieux désertés par le capitalisme avec une rage légitime, celle de tout être humain à bénéficier d'un logement.
Le rideau de Petra Blaisse
La Hollande, pays non confronté aux problématiques du Vénezuéla, prête son espace à une installation relevant d'une certaine sensualité autant que de l'art conceptuel : un grand rideau unique composé de plusieurs éléments de texture et d'opacité différentes (velours, voilage,...), est guidé par un dispositif mécanique (tringle entrainée par une chaîne asservie à un moteur électrique) qui suit un cheminement sinueux au plafond ; le rideau se met en mouvement par courtes séquences de quelques secondes, se figeant un instant pour donner à contempler une nouvelle composition spatiale. Le rapport au thème de la biennale semble lointain, mais très vraisemblablement métaphorique et ontologique...
Une autre installation pour finir (provisoirement) sur cette biennale : intitulée "Banalité of Good" qui présente un panorama comparée des représentations des leitmotivs du progrès et du bonheur dans les années 60 dans 6 pays différents, et les leitmotivs d'aujourd'hui, démontrant clairement la régression des valeurs de solidarité au profit de l'individualisme et du consumérisme.
C'est formidable ce type d'évènements qui, pour reprendre la formule de Mies, "donne à l'esprit l'occasion d'exister."

Nota : il existe également une installation du "Off" sur la Giudecca qui s'intitule "The way of enthousiasm" ; vous comprendrez pourquoi, n'en déplaise aux fâcheux blasés, j'ai trouvé ce cru tout à fait honorable (et vous allez voir la suite !)

vendredi 24 août 2012

New-York est une fête. Episode N°8 et faim (Gastronomie)



Incroyable : il est possible de manger très bien chez nos amis américains ! Même possible d'échapper au Starbucks, MacDo et autres lieux de dégénérescence gustative ! En témoigne cette petite salade pleine de fraîcheur (sanitaire et de l'esprit) et cette variation accorte sur le hamburger, dégustées au restaurant du MoMa, avec en prime la vue sur le petit jardin intérieur, et surtout ce Cheese-Cake d'anthologie servi avec le sourire dans une petit salon de thé proche du Met, dont l'adresse doit rester secrète.
Et puis (vous n'allez pas nous croire), il existe encore des lieux à New-York d'où sont bannis les légumes ou les fruits découpés, apprêtés, anesthésiés dans des barquettes plastiques, et où des agriculteurs-mohicans proposent de vrais produits (avec les fanes, les feuilles, entiers, frais, ...) !
 

Des lieux de civilisation, quoi ! Par exemple à Union Square.
Maintenant, pour une petite piqûre de rappel (du souvenir de ce à quoi peu ressembler un beau marché, après plusieurs jours de sevrage), vous pouvez aller vous enivrer à Grand Station (il y a même des poulets entiers... plumés !).
PS : c'est bobo tout ce que je dis ?


mardi 21 août 2012

New-York est une fête. Episode N°7 (Gastronomie)

Après le luxe (l'architecture), le calme (les peintures), voilà la bouffe en guise de volupté !
New-York mange à toute heure du jour et de la nuit toute sorte de choses plutôt préfabriquées et standardisées sauf..., sauf, sauf que maintenant, il y a "Halal Guys" ! Comment vous dire ? Une camionnette banale, 6ème avenue, angle de la 53ème rue. Une odeur incomparable de viande grillée et d'épices qui vous prend aux narines et qui ne vous lâche plus. Une queue permanente de clients d'une trentaine de mètres sur le trottoir. Une grande barquette en allu remplie en 5 secondes chrono de miettes de poulet et d'agneau grillées à la plancha, de riz, et quelques naans, le tout nappé d'une sauce secrète (yaourt + herbe ?), et l'ensemble prêt-à-être consommé sur le macadam pour 6 dollars ! Le bonheur (ou presque !).
 

 La "street food" est à la mode à New-York comme en témoigne ces quelques camionnettes, chacune spécialisée dans un plat. J'ai ouï dire que Paris s'y mettrait, prudemment sans doute ; il doit bien y avoir un ou deux lobbies contre lesquels lutter !
 

El amante bilingüe de Juan Marsé


Après avoir lu ce livre, il est probable que vous ne regarderez pas les cireurs de chaussures ni les types qui font la manche avec un accordéon - surtout ceux qui sont postés près du métro Liceo à Barcelone - de la même façon qu'avant !
Et puis si vous rentrez un soir chez vous à l'improviste et que vous trouvez votre femme (riche, sexy, intelligente) dans les bras d'un de ces Charnegos, qui sait si vous ne sombrerez pas dans la déchéance totale comme Marès ?
Savez-vous réellement ce que recouvre le mot "fou d'amour" ?

Comment ? Vous n'avez pas encore acquis ce petit condensé de nostalgie et de délire ?

lundi 20 août 2012

Bloggeurs sans bagages !

Un petit regard rapide et curieux sur le tableau des "statistiques" et des "participants" du blog à cet instant, et depuis 0H00 ce jour, et c'est le Territoire Palestinien (6 visites) qui surpasse les USA (avec 5 visites).
Ramené au nombre d'habitants, Everybody Knows semble susciter un engouement 100 fois supérieur* en Palestine (4 millions d'hab.) qu'aux US (316 millions d'hab.) !
* hors données corrigées des variations saisonnières

New-York est une fête. Episode N°6 (rereculture)

 Et puisque vos orbites cruelles ne s'en lassent jamais... Au MOMA cette fois (à vérifier !)


 


 


 


 


New-York est une fête. Episode N°5 (reculture)

Je livre à vos orbites cruelles quelques chefs d'oeuvre, qu'elles (vos orbites) ne méritent certainement pas, mais tant pis ! Toujours au MET.


 


 


 


New-York est une fête. Episode N°4 (Culture !)

L'architecture, ça va un temps ! Les musées, c'est pas mal non plus ! Une chose est stupéfiante à New-York, c'est le nombre de gens qui photographient les tableaux, leurs enfants posant à quatre pattes sous un Picasso, la fille et le futur gendre boutonneux devant un Rembrandt, la grand-mère à côté d'un Dali, etc... Je regrette de ne pas avoir pris en photo ce type de scène. Si je n'avais pas un minimum de réserve vis-à-vis des tics de langage, je dirais que c'était hallucinant ! Tout le monde brandissant son portable ou bien son Nikon avec un objectif de 32cm de long (mini), j'ai fini par sortir mon IPhone et rejoindre cette troupe de paparazzis sauvages. Ceci étant, le soir, quelques jours après, maintenant, c'est un régal de pouvoir se remémorer à tout instant le bonheur absolu de la contemplation de ces chefs d'oeuvre qui faillirent vous stendhaliser sur place !
Place à quelques toiles donc du MET...
 


 
 


 


dimanche 19 août 2012

New-York est une fête. Episode N°3

Suite de la "saga" et dernier épisode du volet architectural (avant le culturel et le gastronomique).

- la petite tour de Jean-Nouvel dans le quartier branché de la Highline, avec vue sur l'Hudson River, à laquelle il manque sans doute trois fois sa hauteur pour s'imposer comme l'une des plus belles tours du monde (et oui ! c'est ce que je pense). Pas pris le temps d'aller admirer de près la façade dont ont dit qu'elle est la plus chère du monde (à voir : j'en connais une autre qui doit pas être mal non plus dans ce registre !...), mais le jeu de la lumière sur elle depuis un bateau de pioux-pioux voguant sur l'Hudson, était ni savant, ni correct, mais simplement magnifique !... Bon, si vous aimez les grandes baies vitrées sans aucune menuiserie susceptible de vous contaminer la vue, mieux vaut éviter l'acquisition d'un pied à terre dans ce bâtiment...










- 41 Cooper Square, une université privée dessinée par l'architecte de L.A. Thom Mayne ; acteur majeur de la tendance déconstructiviste, Mayne signe un bâtiment dont l'aspect extérieure est une nouvelle fois étonnant, voire "décoiffant" ; totalement enveloppé dans une résille métallique perforée et scarifiée d'immenses cicatrices ("a sexy sun-catching steel facade"), le bâtiment qui ne se visite pas (sauf à payer les droits annuels de scolarité...) est, parait-il, magnifique de l'intérieur avec un atrium invraisemblable accueillant un escalier du même tonneau. Il est labellisé LEED Platinium : on est rassuré ! Il a donc tout pour convenir au souhait de l'industriel Peter Cooper qui cherchait à promouvoir une éducation  "as free as air and water."

- l'extension de la Morgan Library de Renzo Piano ; pourquoi trouve-t-on ce bâtiment un peu tristounet ? Est-ce cette façade principale au deux tiers opaque, ou bien des dispositifs structurels qui rappellent d'autres dispositifs structurels, identiques, déjà vus dans d'autres bâtiments de Piano ? Ou peut-être encore, cette satanée société du spectacle qui nous porte à en vouloir toujours davantage dans le nouveau, le spectaculaire et "l'épate" ? Les espaces intérieurs sont clairs, reposants, sans surprise, mais sans doute conçus avec un goût précis pour la fonctionnalité, et un certain côté "less is more" qui n'est plus trop dans l'air du temps.