mercredi 31 août 2011

Le testament français


Paru en 1995 et unanimement salué par la critique (Prix Goncourt et Médicis), "Le testament français » est un livre qui ressemble à une passerelle élégante dressée au-dessus d’un abime, celui qui sépare les rives d’un village de Sibérie, Saranza, « figé aux bordures des steppes » et celles d’un autre village, Neuilly-sur-Seine, à l’époque où vivait Charlotte, la grand-mère du narrateur.
Andreï Makine nous invite à l’accompagner dans un va-et-vient peuplé de rêves et de souvenirs, entre les berges de deux mondes si opposés. Dans ce qui correspond à un véritable parcours initiatique pour le jeune narrateur, écartelé entre deux cultures, où la littérature et les livres occupent un rôle fondamental, les longues discussions que l’enfant, puis l’adolescent, aime à avoir avec Charlotte qu’il vénère, sont toujours chargés d’une émotion profonde ; qu’il s’agisse des récits de la vie parisienne vus au travers de scènes familiales ou officielles (la visite du Tsar Nicolas II pour l’inauguration du Pont Alexandre III qui déclenchera a posteriori chez le jeune narrateur une révolte à propos de la question de la Vérité), ou bien ceux, tragiques, évoquant certains passages sombres de l’histoire de la Russie (les famines sur la Volga en 1921).
L’écriture de Makine est simple, douce, poétique. Si j’osais, je dirais qu’elle est d’une grande féminité. Les femmes occupent d'ailleurs une part très importante dans ce livre ; depuis le secret de la « pe-ti-te pomme » qui donne aux visages féminins sur les photos un charme absolu, jusqu’aux mystères d’une mère que les dernières pages du roman révèlent d'une manière bouleversante.

dimanche 28 août 2011

Veinard(e)s

On a tout changé (ou presque) à droite !

L'opium du peuple (sur les murs de Bastia)

Hier


Aujourd'hui

Le "néo" a ses charmes

Petite ballade parisienne dans une sorte de triangle un peu mou délimité par la rue Jouffroy d'Abbans, la rue de Prony et le boulevard Pereire. Intéressant déjà de savoir qui sont ces augustes personnages. Jouffroy d'Abbans (comme de Prony) a vécu à cheval sur deux siècles : le 18ème et le 19ème. Le premier était marquis, ingénieur, architecte naval et industriel. Il fut l'inventeur de la navigation à vapeur. Il est rapporté que si Louis XVI avait obtenu l'aval de ces jaloux de l'académie des sciences pour financer un bateau du marquis, la France aurait disposé d'une arme fatale contre la perfide Albion et aurait pu éviter la révolution (et Louis XVI de se faire décapiter par la même occasion). La vie ne fut pas de tout repos pour Claude-Dorothée (c'est son prénom) car, outre le fait que l'histoire fut ingrate envers lui (en dehors de cette plaque et d'une statue à Besançon), que les scientifiques de l'époque firent tout pour lui mettre des bâtons dans les roues (à aube),il refusa un pont d'or que lui proposaient les anglais par fidélité envers la France, et il mourut du choléra !
de Prony n'était que baron, mais il disposait d'un prénom encore plus drôle : Gaspard-Clair-François-Marie. Il fut ingénieur (X) et directeur de l'Ecole des Ponts et Chaussées. Il produisit une quantité significative de traités scientifiques de valeur inégale. Son œuvre majeure concerne la théorie des mouvements de l'eau dans les tuyaux et les canaux. Désormais vous saurez qui remercier sous la douche ou en tirant la chasse des WC !...
Les frères Pereire (Emile et Isaac) parcoururent la quasi totalité du 19ème siècle en tant que banquiers et profitèrent à fond des opérations immobilières développées par Haussmann. On peut considérer qu'ils furent des ancêtres du libéralisme à tout crin ; ce qui, en d'autres termes, s'appelle la système spéculatif, adoptant sans états d'âme la formule de Guizot : "Enrichissez-vous !" A noter que leur nom d'origine était Pereira (juif séfarade portugais), francisé par leur père, mathématicien, qui fut le traducteur de Louis XV et l'inventeur d'une langue par signes destinée aux sourds et aux muets !
A ce stade, vous me direz : mais quid du "néo" ? J'y viens.
Il se trouve que ce quartier recèle des petites pépites d'immeubles ou d'hôtels particuliers, où l'imagination des architectes de la fin du 19ème s'est exercée avec un certain talent, puisant gaillardement dans les registres de la renaissance et du gothique. Très peu de "régionalisme" (le 17ème n'est pas une station balnéaire !) ; mais plutôt du sérieux avec des façades peuplées de dragons, de gargouilles et autres chimères, des portes munies de serrures féodales, des baies à vitraux équipées de solides grilles en fer forgé, des colonnes torsadées sculptées de motifs inspirés du monde végétal ou d'un bestiaire fantastique, des voûtes romanes d'autres en arc surbaissé, quelques créneaux, des chapiteaux composites, des appareillages géométriques de briques vernissées, etc.
Parfois, les styles se télescopent et les façades jouent l'anachronisme savant. C'est un vrai régal.
Pour les amateurs, quelques adresses :
- 68, rue Ampère, avec en particulier une sous-face de balcon en pierre ou trois figurines, dont deux moines, sont d'une finesse et d'une expression remarquable

- 53, rue Ampère, également, avec coquilles Saint-Jacques, blason et salamandre (1884)

- 51, rue Ampère, qui incorpore du byzantin et du classique (1885)
- 3, rue Alphonse de Neuville, un petit hôtel particulier avec un dernier étage minuscule doté d'une coupole recouverte de cuivre, et d'un balcon en attique sur lequel sont posées plusieurs petites statues féminines et deux sculptures symétriques représentant un ange portant un personnage

- aux 91,93 et 95, une série de 3 hôtels particuliers très vraisemblablement du même architecte (J. Brisson) et datant de 1883
- au 6, avenue des chasseurs (modeste rue pavée assez grossièrement), une façade avec un appareillage peint, un arc gothique assez banal et deux dragons (sans doute la propriété d'un parvenu pingre)
- angle de la rue Léon Cosnard (!) et de la rue de Tocqueville, un grand ensemble néo-gothique datant de 1880

Qu'il serait bon de pouvoir aller au-delà de ces façades et de connaître l'histoire de ces conceptions !


samedi 27 août 2011

Saoudi Arabia + Palestinian territories

Special Thanks for the two persons, one from Saoudi Arabia and one from Palestinian Territories who have visited my blog recently


Waste Landscape


Merci à "Détails" d'avoir provoqué cette visite au "104" où, jusqu'au 11 septembre, il est possible de venir méditer devant l'installation d'Elise Morin et Clémence Eliard, constituée de 60 000 CD invendus, cousus à la main, formant plusieurs nappes couvrant un paysage de 600 m2 de 4 ou 5 mamelons.

Au-delà du message sur l'impasse du consumérisme délirant de notre société, plastiquement, cette œuvre m'a évoqué un tissu confectionné par un Paco Rabanne ressuscité pour la côte de maille d'une amazone impitoyable, ou bien (plus naturaliste), une peau d'écailles nacrées, ou bien encore (plus sensuel) des courbes charnelles pudiquement voilées par une étoffe moirée aux reflets infinis : jaunes, oranges, bleus lagon, abricots, argents, ...

A vous !

La Tour Bois-le-Prêtre

Construite entre 1959 et 1961 par Raymond Lopez, la Tour Bois-le-Prêtre (17ème)a fait l'objet d'une rénovation en 2010 par Frédéric Druot et l'agence Lacaton-Vassal (Grand prix d'architecture 2009). Cet immeuble est caractéristique de la production de Raymond Lopez et de la période de la reconstruction au cours de laquelle il était fait appel à des systèmes constructifs industriels, préfabriqués, assemblés sur une trame standardisée.
Avant :


Après :

Le principe de la "métamorphose" a consisté en : 1) l'ouverture des baies existantes 2) le rajout de balcons de 3,00m de profondeur 3) la réalisation de jardins d'hiver.
La chirurgie esthétique a permis à cet immeuble banal de 16 niveaux de retrouver une image décente.
Les charges (sans doute de chauffage ?) ont été divisées par deux.
Les regrets (sauf à apporter la contradiction positive) : 1) des matériaux "cheap" (baies coulissantes des jardins d'hiver en plastique sur cadres galvas, re-plastique pour la cage d'ascenseur "panoramique") 2)le revêtement aux teintes criardes des parties communes 3) les rideaux (imposés ?) des baies vitrées en maille métal imitant les textiles amiantés des années 70.

Témoignage d'un locataire : "C'est mieux maintenant, mais il y a quand même des "petites imperfections"..."
Moralité : des bonnes intentions, un dessin propre ; mais quid de la pérennité ? La sobriété dans les matériaux pourrait ne pas être un synonyme d'indigence (grande pauvreté).

Ça déménage rue Pierre Rebière (17ème)

(d)Étonnante cette rue Pierre Rebière, coincée entre le cimetière des Batignolles et l'arrière du lycée Honoré de Balzac ! Pas moins de sept agences d'architectes alignent le fruit de leur imagination respective dans ce couloir étroit, pour le compte de Paris Habitat (140 logements sociaux) et Nexity (50 logements privés). Difficile de trouver un point commun à ces bâtiments sauf une farouche volonté de "faire différent". On peut remarquer toutefois un goût prononcé, presque partagé par tous, pour l'usage de la tôle en façade. Remarque : c'est fou ce que la tôle est "tendance" chez les architectes (Cf article "La Tour du Bois au prêtre"). L'immeuble de "La Fantastique Agence" de Stéphane Maupin se remarque par un parti original plaçant les terrasses (généreuses) en vis-à-vis et en cascade, épargnant aux futurs habitants des vues "imprenables" sur des concessions mortuaires ou sur la muraille sinistre du lycée Balzac.

Hondelatte et Laporte ont dessiné une petite tour de 9 étages, amusante, qui offre une colonnade de balcons aux couleurs pimpantes en forme de grosse bulle de BD.

Les japonais de Bow-Wow propose un immeuble blanc d'une grande sobriété, maîtrisé, où chaque ouverture est équipée d'un balcon (leur a-t-on signalé que ce n'était pas "vue sur mer" ?).

La proposition chocolat de "l'Atelier provisoire" pêche à l'évidence dans ses finitions (provisoires, on l'espère).
Les nantais de l'agence "Avignon-Clouet" ont tenté "l'architecture narrative" en végétalisant entièrement leurs façades, grâce à la mise en œuvre d'astucieux petits réceptacles dont l'appareillage dense tisse comme une maille verticale ; espérons que l'actuelle pelade constituée de plumets jaunis se métamorphose à terme en une "moquette verte" du plus bel effet...

Dans leur immeuble noir, "Laisné & Roussel" ont décrété que l'espace extérieur leur appartenait : moyennant quoi, ils ont dessiné une sorte de "Maison sur la cascade", voire un "Pavillon des vents" ; il y a des lignées plus honteuses !
Le bois n'est pas en reste dans cette rue puisque le "faux-jumeau" du bâtiment noir, créé par la même agence, pourrait être une immense maison de ville qui arbore une façade totalement en bois caramel (pour l'instant !).

L'état d'avancement actuel des autres immeubles ne permet pas d'exciter le regard (ni la prose en conséquence).
Moralité de cette promenade : l'imagination est à la fête ; en espérant que la réalisation et la fonctionnalité soient à la hauteur !

Zapping (5)


"Le Monde" daté du vendredi 26 aout.
En Chine, l'amour va-t-il triompher de la fièvre immobilière ?
"la formation d'une famille ressemble de plus en plus à la création d'une entreprise. Les parents des deux conjoints en sont les actionnaires. Les nouveaux mariés en sont les DG. L'appartement est à la fois l'actif le plus important de la nouvelle société et la condition de sa création."
Une double page qui va faire tousser dans certaines chaumières : sous le titre "Les bergeries de la Sarkozie", on découvre que truands corses, personnalités politiques et stars du show-biz fréquentent le même luxueux domaine de bergeries ; celui de Murtoli au sud de l'île de beauté. Ça ne va pas calmer les banlieues qui boivent du Coca et vont à Eurodsiney (heureusement qu'elles ne lisent pas "Le Monde") !

"Les milliardaires demandant de payer plus d'impôts font penser aux dindes qui se porteraient volontaires pour le soir de Noël." Rappelons que la taxe "exceptionnelle" sur les riches de 3% ne rapportera que 200 millions d'Euros par an (soit un peu moins de 2% de l'objectif de 11 milliards de réduction des déficits). Rappelons que la notion de "riche" en France correspond à un revenu > ou = à 500 K€ (ouf !) et qu'aux US, il est 3 fois moins élevé : 138 K€ (aïe !).
Il nous faudrait un ou deux "Steve Jobs" (l'homme qui a généré 350 milliards de dollars) ; ponctionnés à 2%, ça ferait entre 7 et 14 milliards, et il leur en resterait encore pour s'ennuyer à le dépenser. Le problème c'est qu'en France on fabrique de moins en moins de Steve Jobs potentiels, mais de plus en plus de "frelons" (Cf Article du Monde du 18/08 "La révolte des abeilles contre les frelons").
Qui a dit que les banques avaient remboursé les conséquences de leurs errances calamiteuses, et en plus avec des intérêts ? Alors pourquoi les "piou-piou" de 8 pays européens (mais les autres aussi) devraient-ils se serrer la ceinture à hauteur de 360 milliards d'€ (cumul des plans d'austérité de France+Grèce+Italie+Allemagne+Portugal+Espagne+Irlande+GB) ?
Fétichiste des pieds et randonneurs : même combat ! Une procureure qui jugeait un individu d'une confrérie très en vogue actuellement lui a rappelé que "tout le monde n'a pas envie d'avoir des relations pédestres !

" Tiens, justement, page 5 : une pub d'une 1/2 page pour des pompes Prada (400 à 500 € la paire ?) juste en-dessous d'un article sur les habitants de Bréga (Lybie) qui tentent de regagner leurs maisons dévastées ; à la porte de l'une d'entre elles figure un écriteau : "Prière d'enlever ses chaussures avant d'entrer" (même si c'est des "Prada" ?)

vendredi 26 août 2011

Bengladesh and Malaysia




I just want to salute the two persons, one from Bengladesh and one from Malaysia, who have made me the great honour to come on my blog this day !

La chanson de l'Etranger


(Assez librement traduite de la chanson de L. Cohen)


C’est vrai, tous les hommes que tu as connus étaient des joueurs qui, à chaque fois, prétendaient renoncer à leur jeu dès que tu leur offrais ton cœur. Je connais ce type d’homme. C’est difficile de tenir la main de celui qui ne veut atteindre le ciel que pour se rendre.

Et balayant d’un revers de main les cartes oubliées derrière lui, tu découvriras qu’il n'a laissé presque rien, pas même un seul rire. Comme n’importe quel joueur il cherchait la carte sublime qui lui permettrait de n’avoir besoin d’aucune autre. Il était juste comme Joseph en quête d’une étable.

Et alors, penché au rebord de ta fenêtre, il dira qu’un jour tu as brisé sa volonté avec ton amour, ta chaleur et ton abri. Et sortant de son portefeuille un vieil horaire de train, il te dira : « je t’avais prévenu quand je suis arrivé que j’étais un étranger. »


Mais maintenant un autre étranger semble vouloir que tu ignores ses rêves, comme s’ils étaient le fardeau de quelqu’un d’autre. Tu avais vu cet homme avant, son bras en or qui distribuait les cartes, mais maintenant son bras est rouillé du coude jusqu’au bout des doigts. Et il veut échanger la partie de cartes contre un abri. Il veut échanger cette partie qu’il connait trop contre un abri.

Tu détestes regarder un autre homme fatigué baisser les bras comme s’il abandonnait le Jeu Sacré du Poker. Et, pendant qu’il raconte ses rêves pour s’endormir, tu remarques qu’il y a une route immense qui ondule au-dessus de son épaule comme la fumée d’une cigarette.

Tu lui dis d’entrer et de s’asseoir, mais quelque chose te fait te retourner. La porte est ouverte. Tu ne peux pas refermer ton abri. Tu essayes de tourner la poignée. Elle reste ouverte. N’aies pas peur. C’est toi, mon amour, c’est toi l’étrangère.

J’ai attendu, j’étais sur que nous nous rencontrerions entre deux trains, de tous ceux que nous avons attendus. Je pense qu’il est temps maintenant d’en prendre un autre. S’il te plait, comprends que je n’ai jamais eu de plan secret pour te vaincre ou quoique ce soit d’autre. Voilà, il parle comme ça, et tu ne sais pas ce qu’il cherche. Quand il parle comme ça, tu te fous de ce qu’il recherche.

Retrouvons-nous demain si c’est ton choix, sur le rivage, sous le pont qu’ils construisent sur une rivière infinie. Puis tu t’aperçois qu’il quitte le quai pour la chaleur d’un wagon-lit ; il se réjouit d’avoir trouvé un autre abri. Et il vient vers toi en te disant qu’il n’a jamais été un étranger. Et tu lui réponds : « OK, le pont, ou n’importe où ailleurs, plus tard. »

Et balayant d’un revers de main les cartes oubliées derrière lui, tu découvriras qu’il n'a laissé presque rien, pas même un seul rire. Comme n’importe quel joueur il cherchait la carte sublime qui lui permettrait d’avoir besoin d’aucune autre. Il était juste comme Joseph en quête d’une étable.

Et alors, penché au rebord de ta fenêtre, il dira qu’un jour tu as brisé sa volonté avec ton amour, ta chaleur et ton abri. Et sortant de son portefeuille un vieil horaire de train, il te dira : « je t’avais prévenu quand je suis arrivé : j’étais un étranger. »

mercredi 24 août 2011

1Q84

Encore tout chaud sorti des rotatives, le dernier opus d'Haruki Murakami dont on espère que les 534 pages seront à la hauteur d'une des toutes premières phrases : "Ce que l'histoire enseigne de plus important aux hommes pourrait se formuler ainsi : "A l'époque, personne ne savait ce qui allait arriver."

mardi 23 août 2011

Pari perdu ; liberté gagnée

J'avais pronostiqué un "Reconnu coupable" ("déclaré coupable" eut été plus juste), et en réalité DSK est désormais libre depuis cet après-midi de toutes les charges qui l'aspiraient vers le fond depuis 3 mois. Quand un homme est libre, on ne peut - a priori - que s'en réjouir. Il faut croire que ce verdict est tout à l'honneur de la justice américaine qui pèse de tout son poids en faveur de l'accusé. Il faut le croire. C'est Yves Montand qui disait à peu près ceci : "Quand je vois deux chiens qui se battent, je prends systématiquement la défense de celui qui est en-dessous." Le plus terrible dans cette affaire c'est que le doute, s'il profite en apparence à l'accusé, poursuit son oeuvre : l'absence de vérité est définitive (sauf à ce que DSK révèle un jour ce qui s'est réellement passé dans cette chambre d'hôtel ; même s'il jure qu'il est innocent, le croira-t-on ?); il y a comme une tâche indélébile qui va longtemps (à jamais ?) hanter les interrogations.
Mais cette affaire, depuis la mise en scène épouvantable de l'arrestation, jusqu'au dénouement à peine croyable, et la sortie du bureau du procureur de Mme Diallo encadrée par des garde-du-corps monstrueux, trouble une nouvelle fois nos repères (nous en reste-t-il ?). Où est le vrai, où est le faux ? Qu'est-ce qui est juste ? Un homme hier puissant, le lendemain misérable accablé de toutes les infamies, et le surlendemain libre ? La vérité ? Le doute ? Le complot ? L'étalage impudique des vies privées et les tabous ? Amours, infidélités, trahisons, engagements ; tout fini par valoir la même chose (en apparence).

vendredi 19 août 2011

Zapping (4)

"Le Monde", daté du 18 aout.
Au Pérou, une chanteuse afro-péruvienne, Susana Baca, est nommée Ministre de la Culture. Est-ce plus étonnant que s'il s'agissait d'un ancien commentateur de télé sur le gotha mondain-people ?
Je n'ai pas connu Allain Leprest, et je ne le connaitrai jamais puisqu'il s'est suicidé le jour de la 15 aout. C'était un chanteur, auteur et compositeur qui "déclinait d'une voix brisée et ironique les maux du temps et un mal-être plus traditionnel". Jean Ferrat était son ami et son mentor. Il y avait du Léo Ferré et du Philippe Léotard dans le personnage. Dommage.
Les ours blancs sont filmés par des caméras dissimulées sur la banquise. Rien ne peut désormais nous échapper de leur vie intime. Où va se loger la télé-réalité ?
Jean-Claude Ribaut nous apprend que la beuchelle tourangelle est un ragoût de rognons de veau et de ris de veau blanchis puis escalopés. C'est pas beau la culture ?
Jean-Louis Guigou, économiste de son état, signe un article qui fait du bien à propos des dérives actuelles de l'économie. Il divise l'humanité en deux groupes : les abeilles qui "produisent la richesse et la valeur ajoutée", et les frelons qui sont "les prédateurs au premiers rangs desquels les rentiers qui exploitent et spéculent sur les richesses naturelles ou qui bénéficient de monopoles par les importations, les constructions, etc." Maintenant à vous de choisir : abeille ou bien frelon ?
Coco Chanel était la maîtresse d'un aristo nazi, le baron Hans Günther von Dincklage. Quelque soit leurs origines, il faut reconnaître aux nobles un certain talent : celui de choisir toujours des noms qui nous font marrer !
En page 13, il est question de la taxe sur les transactions financières. Mr S. risque d'avoir les oreilles très très longues à force de se les faire tirer pour adopter ce qui semble être une mesure de salut public (stricto sensu). Si j'étais Ministre des Finances...
Page 12, c'est le couple Mr S. et Mme Merkel qui nous font bidonner ; c'est une illustration pour la devise chinoise "Ne regarde pas ton doigt, mais la direction que montre ton doigt".
Tiens, en page 11 il y a un type qui fait la tronche : un dénommé F. Bayrou. Vous savez qui c'est celui-là ?
Eva Joly déclare : "notre crise est plus que financière, mais aussi écologique et sociale". Son slogan : "le changement juste". "Juste" sera le mot de la gauche. J'ai vu qu'il était repris par notre Ségo nationale (mais ça, c'est dans "le Monde" du 19 aout ; alors c'est HS). Juste est un mot qui me plait.
Quoi d'autre ? Un procès contre des escrocs au CO2 ; rigolez pas, il y en a pour 230 millions d'€ ! L'affaire DSK : on passe en attendant le 23 aout. Les paris sont ouverts. Allez, je me lance contre tous les pronostics : reconnu coupable ! L'Espagne compte sur la visite du pape pour enrayer son déclin (et pourquoi pas la résurrection de Franco ?). Une page entière consacrée à une interview d'un dénommé (un autre) Georges Soros au sujet de la crise financière ; on nous dit qu'il s'agit d'un philanthrope ou d'un financier sans vergogne. Je ne sais pas vous mais moi, j'opterais plus facilement pour le deuxième rôle. C'est pas le type qui avait spéculé sur la Livre il y a quelques temps ?

Le charme des heures calmes d'un matin ensoleillé quelque part sur la côte Corse

Un voilier, juste avec sa grande voile, progresse au loin lentement sur la mer. Il glisse, sans efforts, silencieux ; sa silhouette évoque quelque chose de noble ; une élégance particulière. A l'horizon le ciel est blanc. Le soleil est déjà placé, déjà haut sur la mer. Le tronc d'un pin dessine une bande d'ombre sur la table de le terrasse ; territoire précis et protecteur contre l'éblouissement. Sur la gauche, la côte se découpe en plusieurs langues de sable courbes, prises entre le bleu lisse de la mer et les touches vert-sombres, improvisées, des plantations d'arbres. A l'autre extrémité de la terrasse, sur la droite, tout près, les branches garnies de longues feuilles vert-amandes de jeunes eucalyptus se détachent avec grâce sur un ciel, de ce côté, parfaitement bleu. Quelques souffles d'une brise légère et fraîche viennent par moment soulever les feuilles du journal posé sur la table ; et ce mouvement aléatoire des pages simule un reproche, comme si le journal s'impatientait de l'indifférence que l'homme qui écrit lui témoigne. Un livre - "Le voyage de l'éléphant", de José Saramago -, et quelques cartes postales pourraient légitimement partager son agacement. Plusieurs oiseaux minuscules sont venus dans une cavalcade brouillonne se percher un instant sur l'une des branches du pin. Et puis ils ont disparu aussi soudainement. Quelqu'un retrouvera plus tard une minuscule plume dont les barbes présentent des reflets jaunes et caramels. Il n'y a plus un seul bateau maintenant sur la mer. Une unique et lascive trainée blanche découpe d'une longue balafre inoffensive la surface gris-bleu d'une eau qui semble figée comme une peau immense, légèrement grenue. Aucune cigale qui déchirerait l'air de son appel grinçant. Le village, en contrebas, n'est pas franchement beau avec ses immeubles râblés aux toitures plates équipées de vilaines trainasses techniques. Quelques palmiers avec leurs plumets qui jaillissent comme des gerbes d'eau, des touffes généreuses de sapins et de mimosas, des bouquets aimables de lauriers roses parviennent à dissiper les désagréments d'un urbanisme indélicat. Le soleil agit à présent sur la mer comme un spot d'éclairage trop puissant. Le tronc du pin juste devant la terrasse ne suffit plus à contrer l'ardeur de ses rayons. L'air chaud lutte par petites bouffées pour chasser la fraîcheur matinale. Bientôt cette terrasse aura perdu un peu du charme des heures calmes d'un matin ensoleillé quelque part sur la côte Corse.

dimanche 14 août 2011

Un pavillon jubilatoire ?



Il a donc fini par trouver un havre de consolation, ce pavillon nomade laissé-pour-compte de la crise financière, et qui devait initialement porter la bonne parole du luxe dans des lieux aux adresses de siège social branché (Hong-Kong, Tokyo, New-York) : le voilà à présent à l'anneau d'un port parisien, minéral et orthonormé, lui qui ne jure que par la tôle thermolaquée et l'hyperboloïde fractale !

On le découvre posé dans la cour de l'Institut du Monde Arabe à Paris, tentant un dialogue improbable (d'aucuns parlent de "jubilatoire") avec le moucharabieh en panne de l'édifice dont plusieurs architectes revendiquent la paternité.

Mi-TGV, mi soucoupe (mais délibérément futuriste), le pavillon "post-bauhaus" déploie ses 770 m2 sous une enveloppe dont les panneaux (chacun différent) sont élaborés et ajustés avec une rigueur toute mathématique. On est assez loin du monde du bâtiment et plus proche de l'industrie aéronautique (regrets ?). Cependant on perçoit par endroit, et notamment dans la toile plastifiée de la sous-face de l'entrée principale, ou celle des raccords des "sheds" en forme de fentes branchiales (il y a un peu du squale dans ce pavillon), une approximation qui peut rassurer les amoureux de la belle ouvrage ; celui qui autorise dans sa réalisation les imperfections et la trace de la main de l'homme.

Qui a élaboré ce vaisseau spatial ? La grande prêtresse de la volupté architecturale, l'architecte anglo-irakienne Zaha Hadid, dont il faudra bien un jour visiter le tout nouveau MAXX à Rome, pour lequel les photos parus dans les magazines laissent apparaître un caractère autrement plus "jubilatoire"...
Nota : ce pavillon conçu jadis à la gloire du sac Chanel présente une trentaine d’œuvres de Zaha Hadid ; pour mémoire, en France, deux réalisations de cette "starchitecte" ont vu le jour : un terminal de tramway à Strasbourg (période plutôt agressive et pointue de la dame, tout comme la caserne de pompiers du Vitra Design Muséum de Bâle) et la tour-siège de la CGM à Marseille.

Les chaussures italiennes


"Je me sens toujours plus seul quand il fait froid." Ainsi commence ce roman du suédois Henning Mankell, paru en 2006, dont l'essentiel du récit se déroule sur une île déserte de la Baltique, sur laquelle s'est exilé volontairement Fredrik Welin, 66 ans, ancien chirurgien orthopédique, porteur d'un secret (un seul ?) qu'il croyait pouvoir oublier et qu'une vieille femme, surgit un matin sur la glace équipée d'un déambulateur, va faire revivre.
Mankell, le père de l'inspecteur Wallender, écrit ici un roman sombre, préfigurant "Profondeurs" qui viendra deux ans plus tard.
Mankell n'est pas tendre avec Welin dont il fait le narrateur ; les évènements et les personnages qui surgissent au fur et à mesure des quatre lents "mouvements" qui composent le livre - La glace, La forêt, La mer, et Soltice d'hiver - le mettent face aux responsabilités qu'il a fuies et dévoilent toutes les faiblesses de son caractère. Mais celles-ci ne sont-elles pas en réalité présentes en chacun de nous ? Ne passons-nous pas une partie de notre vie - des années finalement perdues comme le dit Welin/Mankell - à refuser de les considérer ? "Les chaussures italiennes" serait alors un miroir que nous tend l'auteur pour assumer ce qui, en définitive, constitue notre humanité.
Le style de Mankell est d'une très grande sobriété ; le rythme du récit est lent, mesuré ; en écho à ces paysages plats où souvent les eaux glacées et le ciel ne se distinguent pas.

jeudi 11 août 2011

Jane Evelyn ATWOOD, photographe de la désespérance


Il est plutôt recommandé de ne pas être hypersensible quand on découvre la rétrospective consacrée à la photographe Jane Evelyn Atwood actuellement exposée à la Maison Européenne de la photographie dans le Marais. La matière de cette photographe est essentiellement composée de trois ingrédients terribles : la misère, la privation et l'injustice ; l'envers du bonheur en quelque sorte. La série sur les femmes incarcérées suscite la révolte.
C'est la honte qui nous envahit dans la série sur les prostituées ; honte de nous-même. Et c'est l'horreur qui nous submerge devant les photos des mutilés des mines antipersonnelles, avec un commentaire : la terre envers laquelle ces paysans plaçaient depuis toujours leurs espoirs, leur confiance, est désormais une terre maudite, criminelle, qui mutile aveuglément, sans aucune possibilité de se dire qu'il y aura une fin à cette tragédie.

Seule peut-être la série sur les aveugles est moins désespérante ; quelques(rares) sourires apportent un peu d'apaisement.
A voir, revoir, méditer.

mardi 9 août 2011

Advancia : un plissé de verre dans le 15ème


A l'angle des rues Antoine Bourdelle et Armand Moisant, dans le 15ème arrondissement de Paris, à quelques encablure de la Tour Montparnasse la mal-aimée*, l'extension d'Advancia, une école de commerce de la CCIP, vient bousculer ce quartier haussmannien, déjà troublé il y a quelques années par la façade lisse et courbe des architectes Dubesset-Lyon pour l'ex-siège du journal "Le Monde".
Les oriels galbés et les balcons académiques des immeubles des rues adjacentes n'en reviennent encore pas de pouvoir contempler à discrétion leurs reflets dans la façade en plissés de verre, déclinée avec précision dans des jaunes safran, des orangés et des rouges corail. L'enveloppe, qui prend avec le soleil les couleurs d'un ciel incendié, est constituée de fines lamelles verticales en verre, mathématiquement sérigraphiées, dont l'ouverture aléatoire crée une première cinétique ; la seconde est générée par le mouvement lui-même de l'observateur. Cette parole de l'architecte Pierre de Meuron revient presque naturellement : "l'architecture appartient à celui qui la regarde". La géométrie elle-même du bâtiment pousse un peu plus loin le défi et le décalage dans un clin d’œil appuyé au registre domestique : toits à double pente apparente aux accents de demeure provinciale et pignon aux allures flamandes (revisitées).

L'opposition avec le magnifique bâtiment de briques claires datant de 1908 révèle la beauté classique de l'Ecole commerciale originelle, autant que l'audace pétulante de l'immeuble édifié un siècle plus tard. Sur l'arrière, la façade suit un tracé plus ondoyant dégageant une grande terrasse accorte et ombragée dont on imagine le succès aux beaux jours.

Au cœur de l'îlot, les architectes ont créé une immense galerie couverte d'un matériau laissant pénétrer sans contrainte la lumière naturelle au cœur de l'atrium : l'ETFE (Ethylène Tétra Fluor Ethylène). En toiture, un espace a été réservée pour une terrasse plantée ; luxe suprême à Paris.
Est-ce l'audace des couleurs, le dessin fragile des plissés de verre ou bien ces espaces privilégiés que les architectes ont su proposer, qui tendraient à évoquer le registre de la "haute couture" ?
Au fait, qui est le concepteur de cet ensemble remarquable ? L'inspiré et facétieux collectif de la rue Lacuée : "Architecture Studio", auteur du Parlement Européen de Strasbourg, co-auteur de l'Institut du Monde Arabe, et de dizaine d'autres œuvres édifiées aux quatre coins du globe.

*architectes : Roger Saubot, Eugène Beaudoin (Grand prix de Rome et académicien), Urbain Cassan (polytechnicien, architecte et académicien) et Louis Hoym de Marien

samedi 6 août 2011

La Cite de l'Océan et du surf (2ème)


Je tombe par hasard sur le No d'"Architecture Crée" d'avril/mai 2006. Un article "Steven Holl surfe à Biarritz" présente le projet lauréat de ce qui s'appelait alors la "Cité du Surf et de l'Océan" (dans cet ordre). L'image concours du projet est un peu raide, maladroite ; on peut se réjouir du fait que la réalisation ait amélioré cette proposition originelle. On lit dans l'article que l'ouverture est programmée pour la fin 2007 et que le budget est de 11 M€. La réalité, c'est que la Cité a ouvert ses portes en juin 2011, et le coût des travaux a presque triplé ! N'est-ce pas ces dérives dans les budgets et les plannings, un programme fluctuant, un irrésistible besoin de starisation, et un projet pas vraiment convaincant qui constituent autant d'ingrédients propices à détourner l'intérêt du grand public vis-à-vis de l'architecture contemporaine ?
Il faut juste reconnaître que le parti d'enfouir l'essentiel du programme était, dans ce site, la bonne réponse.

mercredi 3 août 2011

La centrale


Non, il ne s'agit pas d'un établissement pénitentiaire ; et encore : ces "travailleurs DATR", pour "Directement Affecté aux travaux sous Radiations", "chair à neutrons", "viande à rems", ne sont-ils pas quelque part des condamnés à de lourdes peines, dont le travail s'effectue dans une enceinte close, loin des regards de la société, et qui plus est, avec un espoir infime de libération ?
Vous avez compris, il s'agit d'une installation de production d'électricité nucléaire. Une centrale, avec ses réacteurs, ses aéroréfrigérants qui crachent des panaches de vapeur d'eau, son univers de béton, ses secrets, l'eau empoisonnée d'un bleu lagon de la piscine,et ces hommes, travailleurs itinérants qui vont de centrale en centrale, nomades qui partagent au gré de leur emploi précaire un mobile home et qui interviennent sur le circuit primaire à chaque arrêt programmé de tranche. "Ce que chacun vient vendre, c'est vingt millisieverts, sur douze mois glissants"
Dans ce premier roman, Elisabeth Filhol parvient à remarquablement décrire le stress extrême de ces situations où le danger n'est perceptible que par le dosimètre embarqué ; où l'ouvrier intérimaire, engoncé dans sa combinaison de spationaute, doit se glisser dans un trou d'homme de 45 cm de diamètre, au cœur du réacteur irradié, et effectuer son intervention en moins de deux minutes.
Il y a aussi ce passage où la romancière décrit simplement l'enchaînement dramatique qui a conduit à l'explosion de Tchernobyl, le 24 avril 1986. On perçoit alors que ce qu'il y a de terrifiant dans l'accident nucléaire, c'est qu'aucun endroit de la planète n'est à l'abri d'une contamination dont l'origine peut-être à des dizaines de milliers de kilomètres. Le roman s'achève sur ce tableau paisible où des gens marchent tranquillement sur une plage de la Baltique, fin avril 86 précisément, "qui profitent du calme, de la douceur de l'air et du ciel bleu, de tous les bienfaits de l'anticyclone qui a bien voulu quitter ses quartiers d'hiver et descendre de Sibérie (...) en Ukraine comme ailleurs, partout l'envie d'exposer sa peau aux rayons du printemps est la plus forte, la peau nue et blanche, les landaus ouverts, sous le soleil du dernier dimanche d'avril, chacun admire le ciel et espère qu'il fera beau jeudi, au-dessus des cortèges du 1er mai."

Merci à François qui se reconnaîtra ; s'il vient jusqu'ici...

lundi 1 août 2011

La ferme des animaux


Publiée en aout 1945, cette satyre du stalinisme aux allures de fable, permet à George Orwell d'être enfin libéré des soucis financiers et d'accéder à une certaine reconnaissance après des années d'engagements (notamment lors de la guerre d'Espagne dans les rangs anarcho-trotskistes du POUM) et de "galère" pour parler le langage d'aujourd'hui.
Tout est dénoncé dans ce texte court : la manipulation des masses, le culte de la personnalité, le mensonge érigé en principe politique, le terrorisme politique, la manipulation, le détournement des idées, l'arbitraire, l'inculture, ...
On est loin de l'essai philosophique aux thèses savantes. Ici tout est dit avec des mots simples de l'absurdité criminelle du stalinisme. On ne peut s'empêcher de s'interroger sur l'aveuglement de certaines élites intellectuelles auxquelles il a fallu la répression sauvage de Budapest, puis celle de Prague pour enfin ouvrir les yeux.
"Le plus effrayant dans le totalitarisme n'est pas qu'il commette des atrocités, mais qu'il détruise la notion même de vérité objective : il prétend contrôler le passé aussi bien que l'avenir", écrivait Orwell dans ses chroniques littéraires qui préparaient à "1984", son chef d'oeuvre.