jeudi 31 décembre 2009

Voeux pour 2010

Ce que je souhaite pour 2010 ?
Que la poésie prenne enfin le pouvoir...
Par poésie, j'entends la capacité que nous avons tous à nous émouvoir, chacun selon ses goûts et ses talents.
Si c'est le cas, tout le reste, le positif, suivra.
Dans le cas contraire, mesdames et messieurs mes compatriotes terrestres...
Ne comptez pas sur moi pour assurer !

Comme convenu, le défi des "1000" n'ayant pas été relevé, et comme nous sommes dans une société impitoyable, ce blog s'élance dans le vide sidéral d'un espace virtuel indicible (pas moins !) pour vivre une vie autonome de déshérence... en un mot, ce blog s'autodissout mais...
et pour les inconditionnels exclusivement...
"Everybody Knows" nous a révélé avant de nous quitter définitivement, la naissance, au 1er janvier 2010, d'un enfant naturel qu'il est possible d'aller admirer à l'adresse suivante : http://alep.6mablog.com

Le Charmeur de serpent (1)


Voici très probablement ma dernière contribution à ce blog au titre de l'année 2009, dans la rubrique "Lectures".
J'ai commencé le roman de Sanjay NIGAM hier soir, et je l'ai achevé en fin de matinée. Ce n'est pas tout à fait raisonnable, car ce livre mériterait beaucoup plus d'attention. Mais j'ai mis un indice (1) ; j'y reviendrai donc.
C'est un livre sur l'Homme(mais un roman peut-il traiter d'un autre sujet ?). Sonalal est sans doute le meilleur charmeur de serpent de l'Inde. Mais on est pas le meilleur, seul ; il y a son cobra Saju et son instrument de musique, son bin. Sonalal mène une vie assez ordinaire. Son numéro devant les touristes qui se déversent par car entier sur la place du mausolée de l'empereur Humayun lui permet de gagner correctement sa vie. Il a une femme qui lui reproche trop souvent ses virées au bordel et ses excès de boisson ; deux enfants scolarisés qui l'ignorent.
Et puis un jour, il commet l'irréparable : il tue dans un accès de rage son cobra.
S'enchaine ensuite toute une série "d'aventures" dans lesquelles il est tour à tour vedette des médias, atteint d'impuissance, dévoré par un mal mystérieux qui le conduit à fréquenter des personnages bizarres, amoureux d'une prostituée, mendiant, etc...
En rompant le destin, Sonalal va se découvrir. Il va aller au bout de lui-même, jusqu'à se rendre compte que tout le mystère de la vie peut se résumer à l'image du serpent qui se mord la queue ; sauf que lui ... "Puis il se rendit compte qu'il était en quête d'autre chose, d'un signe que sa vie n'était pas la seule à être ainsi soumise au destin. mais le ciel était si bleu, si pur, si grand, si irréel qu'il semblait n'y avoir aucun moyen de communiquer avec lui. Il paraissait faire partie d'une perfection que l'homme ne pourrait jamais connaître. Pourtant Sonalal, une fois dans sa vie, en avait fait l'expérience."
Livre à méditer.

Pedro Paramo (1)


De "Pedro Paramo" de Juan Rulfo (1917-1986), il y a unanimité pour déclarer qu'il s'agit d'une oeuvre majeure de la littérature sud-américaine. Le livre (en folio) fait moins de 200 pages. C'est son unique roman. Juan Rolfo a écrit un recueil de nouvelles ("Le Llanno en flammes") et quelques textes. Ses derniers écrits datent de 1959 ("Le coq d'or"). Aucun autre écrit en près de 30 ans, jusqu'à sa mort !
Au terme d'une 1ère lecture, mon constat est le suivant : j'ai eu quelques difficultés à me mettre dans cet ouvrage construit comme un meuble avec une multitude de tiroirs que le lecteur ouvrirait sans ordre établi, découvrant que les vivants sont en fait morts, que leurs fantômes cohabitent avec les vivants (qui sont en fait morts...). Et puis, il y a de très belles phrases, un amour absolu, les chagrins et la mort qui traversent le roman comme la pluie qui s'abat sur ce village qui a "un gout de malheur".
"Des rideaux de nuages glissaient en silence dans le ciel et semblaient effleurer la terre en passant." Il me semble que l'ambiance, mais aussi le "fond" du roman, se retrouvent assez bien dans cette phrase.
Une seconde lecture s'impose.

dimanche 27 décembre 2009

Sexe, nu, érotisme et Blanche Neige (2)


On ne peut pas dire que ça soit la ruée lubrique espérée ! Ca reste encore assez mou tout ça ! Pas encore 700 ! Reste une petite semaine pour relever le défi de ce bloguéthon (à l'huile) ! Est-ce un signe plutôt positif que, dans ce bas monde, tout n'est pas uniquement vice et perversité ?
En attendant, pour ceux qui sont parvenus jusqu'ici par des truchements que je veux ignorer, je leur fais don d'une vue du phare de Biarritz, entre chien et loup, sous le bouclier lourd des hordes nuageuses émergeant de l'océan qui, telles des nuées de barbares à l'assaut des terres civilisées, envahissent sans crainte et sans mesure la totalité des espaces célestes au-dessus de l'aristocrate cité basque.
Et puisque je ne suis pas un ingrat, en bonus, je vous sers sur un plateau ces reflets aux accents hoopériens (?) des vestiges d'une pluie d'hiver sur la joue lisse et minérale des dalles ajustées d'une promenade balnéaire.
Y'en a qui sont gâtés !

samedi 26 décembre 2009

Sexe, nu, érotisme et Blanche Neige (1)


Pourquoi ce titre ? Simplement pour tester si ces 3 mots : "sexe", "nu" et "érotisme", suffisent à déclencher les délires lubriques de mes concitoyens, et s'il suffit d'agiter ces petits chiffons fantasmatiques pour que les vieux démons se mobilisent enfin, et que l'on assiste à une ruée de voyeurs sur ce blog ... pour parvenir à ce qu'avant le 31 décembre minuit, mon mouchard passe la barre fatidique des 1000 visites ; à défaut de quoi, j'ai décidé de fermer cet espace de liberté !

Pourquoi Blanche-Neige ? J'ai eu l'occasion fortuite (c'est presque les meilleures, non ?) d'assister dernièrement à une représentation de "Blanche-Neige" de la compagnie de Prejlocaj, le pensionnaire du vaisseau pirate du Marquis de Ricciotti à Aix en Provence ; le spectacle - c'est à dire la danse + les costumes + les décors + la musique - est parvenu à composer un fragment de temps dont la beauté peut rendre optimiste. Et j'avais juste envie de le dire.

vendredi 25 décembre 2009

Cigogne de Chenaud. Mobilisation générale !


Vous me direz qu'il y a des causes plus nobles, plus utiles et moins confidentielles que celle consistant à appeler au sauvetage et à la conservation de la cigogne de Chenaud. Mais enfin, si elle devait disparaitre, que resterait-il de poésie à ce petit village des confins de la Dordogne et de la Charente, déjà bien amoché par l'exode rurale, la fermeture du bureau de Poste et celle de l'école communale ? De la cigogne, ses origines, son géniteur, on ne sait pas grand chose. Il est probable qu'elle est arrivé avec un contingent d'alsaciens, exilés de début de la 2ème guerre mondiale, ou bien peut-être avant. Pour ma part, depuis plus de 30 ans que je connais Chenaud, je  l'ai toujours vue au même endroit.  Cet été, elle était encore superbe, droite, indifférente aux trafics des promeneurs ou des véhicules qui passaient souvent sans la remarquer, tant elle avait su, discrète avec le temps, se fondre dans le crépi blanc de la maison d'angle où elle avait élu domicile. Avec les ans, ses couleurs s'étaient un peu ternies, bien sûr, mais elle gardait toujours une silhouette de jeune première et une certaine élégance. Et puis, tout récemment, un camion sans doute un peu trop grand, sans doute un peu trop large, a frôlé l'angle de la maison de trop près si bien que la cigogne a été percutée et arrachée de son appui. Elle git maintenant à l'horizontal, immobile et abandonnée, décorée par une main méchante ou bien par le hasard, d'une pelote dérisoire de trois ou quatre bouts de rubans colorés.
J'ai décidé que cette cigogne minérale devait être remise en état et à nouveau scellée sur le haut de la porte de bois où un inconnu, un jour sans date, il y a tellement longtemps que l'on risque aujourd'hui de ne plus en avoir la mémoire, l'a placée avec attention, sous le crénelage de la triple rangée de génoise qui vient lui apporter une ombre imaginaire aux heures chaudes de l'été.
A suivre !

dimanche 20 décembre 2009

Flashback

- c'est la honte ; nous sommes conscients que nous allons (surtout nos petits enfants d'ailleurs) dans le mur, mais nous n'accepterons pas de revenir sur nos avantages acquis, acquis en grande partie sur le dos de ceux à qui nous disons maintenant "il est interdit de faire comme nous !"



- c'est totalement injuste de se faire piéger par un micro quand on est députée européenne


- le Président du Conseil italien est allé chez le dentiste et le chirurgien esthétique ; un "déséquilibré" lui avait balancé une statuette touristique à la figure ; qu'est-ce que vous voulez que je dise de plus sur ce sujet ? La 1ère photo, c'était avant le drame ; la seconde, c'est "après" le dentiste et le plasticien...





- plusieurs ministres UMP se sont ridiculisés en participant à un exercice de promotion d'une nullité crasse (ça s'appelle un lip dub - ou daube, je ne sais pas) ; même remarque que précédemment
- je suis passé devant un jury d'architecture où l'une des personnalités (un député PS je crois) lisait le journal pendant que l'architecte présentait son projet, at alors que d'autres membres du jury portaient visiblement peu d'intérêt à notre présence ; nous avions glissé dans la présentation une phrase superbe de Bachelard "Imaginer, c'est hausser le réel d'un ton", et la photo d'une oeuvre magnifique d'émotion de Chillida ; autant donner de la confiture aux sergents de ville...

- la neige, 3 cm de neige et la poésie de cette manne climatique bouleverse le pays ; question : est-ce le froid qui tue les sans abris presque quotidiennement ?
- Mr S. et Mme ont tranché dans le choix des architectes admis à concourir pour le très grand projet de Pentagone à la française ; moralité : le pouvoir permet de s'attribuer toutes les compétences.

- Tiger Woods n'est plus le tigre des bois pour lequel il voulait se faire passer ; si j'étais lui, je tenterais de me racheter en léguant seulement 10% de mes gains (c'est à dire 100 millions d'€ environ) à un projet solidaire (pourquoi pas ?)
- le monde peut être assez beau : il suffit d'avoir des amis et de bons livres

Avertissement !


Mobilisation générale pour flatter mon égo : si on fait pas péter la barre des 1000 avant la fin de l'année, j'arrête mon blog !

Premier amour


Découverte d'un très grand texte et confirmation d'un très grand acteur...comme quoi, en France, il n'y a pas que les trains, les bibliothèques et Paris qui sont très grands...!
Sami Frey, seul en scène pendant 1H15, dans la peau d'un homme qui raconte son premier et seul amour, et navigue à vue dans une réalité objective autant qu'absurde. Il y a une peu de l'étranger de Camus dans ce personnage. Est-il mort ? Est-il dans un asile ? Il promène sur lui et le monde étroit qu'il a connu le regard solitaire d'un misanthrope obligé. Chassé par sa famille à la mort de son père - dont le visage mortuaire lui "avait fait entrevoir la possibilité d'une esthétique humaine" - il se met en ménage un peu malgré lui avec Lulu, une prostituée, qu'il aime d'un amour qui ne peut être qu'un "exil avec de temps en temps une carte postale du pays". Le texte s'achève sur ces phrases : "Il m'aurait fallu d'autres amours, peut-être. Mais l'amour, cela ne se commande pas."
On rit souvent, on s'interroge. Certaines formules sont un régal : "...aurais-je senti sous mon crâne ses cuisses palpiter comme deux traversins possédés ?" Et on est intrigué par une mise en scène dépouillée à l'extrême où surgit par moment une alarme stridente, associée à un clignotant rouge, comme un rite auquel le personnage doit se soumettre. Peut-être comme le signe inéxorable que la liberté est un concept définitivement utopiste dans ce monde où "l'enfer c'est - forcément - les autres".

Hommage

Ci-dessous, un double hommage. A nos amis, Anne et Gérard, qui fêtaient hier soir leur trente années de vie commune dans les caves de Saint-Germain des Prés (génial) et à l'inspirateur-conspirateur Léo Ferré. J'ai tenté une libre adaptation de cette sublime chanson "La mémoire et la mer" que je soumets, comme toujours, à vos orbites cruelles.
J'y ai respecté le nombre de vers (80) et l'octosyllabisme... à défaut du talent !

Trente ans, tu l’as dans le cœur
Qui te remonte comme un livre ;
Tu vis de ton tendre bonheur,
De ton enfance et tu t’enivres.

Un blog, ça dépend comment
On l’épuise chaque jour de caresses ;
Il pleure ton cathodique écran
Des abîmes écrits et t'en laisse.

Tu es le fantôme Saint-Cloud,
Celui qui vient les soirs fébriles
Nous jeter des phrases en voyou
Et bloguer des images mobiles.

Comme le grill parfait d’un mois d’aout
Où cuisaient des sardines amères ;
Celles dont les chairs se ragoûtent
Avec les doigts et sans manière.


Rappelle-toi ce Panama de mer
Que je portais sans gondole,
Qui s’envolait dans le courant d’air
Par-dessus les bourgeoises carrioles.

Tu en rêvais, vieux, jour et nuit
Avec sa silhouette magique,
Quand il évite les parapluies
Du grésil qui nous panique.

Souviens-toi des soirs de Bréhat,
Le rose des rochers sur l'écume
Depuis la tour aux créneaux ras
Au raz des grèves d’amertume.


Ö parfum des années perdues,
Ö souvenir des solitudes,
Ton enfance dès lors n’est plus
Qu'un regret reclus d’habitudes.

Et ton épouse des soirs conquis
Avec son espiègle frimousse
Et le gratin de spaghettis
Dans le plat géant de couscous.

Reviens parmesan thermidor
Reviens olives des olivades
Régaler le conquistador
Et l’abreuver de rigolades

Ö parfum rare des algues fières
Exaltation des exilés
Quand t'allais nu sous la guêpière,
Ton blog beuglant sans hésiter,

Dans le désordre de ton rut
Froissé des délices coquines
Tu voyais un rêve occiput,
Et moi algue verte, ton spleen.

Le maquillage des impostures
Sur l’écran lisse du computeur
Les mots vains assoiffés d’allure
Comme les cravates des traders.

Dieux cybernétiques, pitié
Pour leur décadentes parures
Quand le doigt glisse sur le clavier
Avec innocence et sans censure.

Et tu voyais se compressant
Comme on pressent une rupture
Entre les lignes traitant du Gland
Et que les images capturent.

Une rhétorique de figurants,
Dans cette nuit jamais étale
D'où surgissent en sinistres mendiants
Des hallucinations brutales.

Cette rumeur qui s’amplifie
Sous le regard des camarades
Ces heures qui nous lient entre amis
Ces mains jouissantes qui paradent

Sur l’ombre du temps qui s’enfuit,
Comme blessé des conquêtes blêmes
Comme le temps qui prend une vie
À consolider ceux qui s’aiment.

Et sous le front tatoué d’orage
S'en vient battre comme une sève
Cette chaleur que l’on partage
Dans cette pièce, aux musiques brèves.

C'est là, sous le pavé la plage
C’est là, la tendresse infinie
De deux êtres qui partagent un rêve
Comme la mémoire et la vie.

samedi 19 décembre 2009

Souvenirs gastronomiques


Ce fut magnifique, l'autre soir, rue Malard.
Une soupe au parmesan exhalant un parfum mystique, un trio de St Jacques dans leur plus simple appareil (juste équipées d'un string de tomate confite), un perdreau aristocratique à la tendresse rare, rehaussé d'un pétale épais de foie gras frais et d'un quartier de coing juste rôti, un duo de ris de veau triomphant des a priori alarmistes, une béatification de pains d'épices ...
Tous ces échantillons de bonheur nous ont permis de supporter les vociférations d'un quatuor de femelles installé à la table voisine.
La petite serveuse brune est toujours à croquer. Il en reste encore quelques morceaux.

vendredi 18 décembre 2009

"Héroïcisation des vertus"


Comment ? Vous ne connaissez pas ce nouveau slogan des temps modernes ? Une invention des conseillers de M. S. ? Un nouveau virus ? Que nenni : il s'agit d'une étape préalable (et néanmoins obligée) dans le processus alambiqué de la béatification. En bref, le dénommé (et regretté ?) Jean-Paul II vient de passer cette étape cruciale. Et on vous bassine avec le sommet de Copenhague ! Le truc extraordinaire c'est qu'il y a des mecs qui bossent sur ce type de job. Des types qui ont trouvé des plaçous d'enfer ! Profession : Heroïcisateur de vertus, et quand je serai grand : béatificateur !
PS : je propose qu'une instruction en "héroïcisation des vertus" soit engagée en faveur des 17 dirigeants d'EADS qui avaient vendu par hasard (un coup de bol ?) un gros paquet d'actions avant que les cours ne s'effondrent, et qui viennent d'être blanchis par une association objective de traders. Je lance un groupe sur FaceBook ?

mercredi 16 décembre 2009

Spleen existentiel


Il y a des soirs où on se demande à quoi ça sert. Tout ça. Dans moins de 50 ans, il est probable que les personnes qui se souviendront de vous se compteront sur les doigts de la main. En étant optimiste. Et dans votre descendance. L'ingratitude que vous témoignez à ceux qui se sont employés, sans faire exprès la plupart du temps, à vous donner une existence, sera partagée par ceux-là même à qui vous avez donné l'illusion d'exister pour une éternité. Car on a toujours un peu cette illusion quand on vit. Notre unicité, notre singularité sont des facteurs de trouble de la lucidité. C'est vrai que le présent n'appartient qu'aux seuls vivants. C'est essentiellement le privilège, à la fois dérisoire et fondamental, qu'ils ont sur les absents. Autrement dit une sorte de luxe. Nous en avons rarement conscience. Mais est-ce bien un luxe pour tout le monde que de vivre ? Vivre étant compris ici dans son acception la plus sommaire ; c'est à dire survivre. Le SDF qui dort ce soir dans le recoin du Conservatoire de musique du 7ème arrondissement, a-t-il conscience de ce "luxe" ? Mais, dans cette pièce, seul mon chat s'en fout ce soir. Et c'est sans doute lui qui a raison.

dimanche 13 décembre 2009

Poètes, vos papiers

Quel bonheur !

samedi 12 décembre 2009

Sauvez-nous de ceux qui veulent changer le monde !

On vomit avec toi Luc (Ferry) !

Flashback

Johnny, les andouillettes, Vasconi, Obama, Claude Parent et le bonus des traders...

- Johnny (votre Johnny national) va très bien ; la preuve : ses médecins l'ont replongé dans le coma. Si jamais ça vous arrive un jour, ne vous inquiétez pas : c'est plutôt bon signe, vous êtes sur la bonne voie (de guérison ? du paradis ?). Un petit coma, et hop, ça repart. Ah que ! Ca peut même durer très longtemps (Sharon : 4 ans !)

- l'autre soir, j'étais à diner dans un petit restaurant du 12ème qui, jadis, proposait une carte honorée de 9 andouillettes AAAAA*, et ne propose plus que des plats d'un amateurisme sympathique qui tentent l'originalité à grands renforts de copeaux de betterave crue ou de pincées de pépins de grenade ; vinrent s'installer à la table mitoyenne, respectant les règles élémentaires de prospect, le critique gastronomique et son compère en charge de l'architecture au "Monde" ; j'ai nommé le truculent Jean-Claude RIBAULT et l'insaisissable Frédéric EDELMANN ; il ne manquait plus qu'Eric FOTTORINO, et nous aurions pu faire in situ le Comité de rédaction de l'inégalable quotidien ; bien entendu, nous devisâmes - non du sexe des anges, puisque c'est une conversation forclose depuis belle lurette - mais de l'architecture, Roger Anger, les PPP, le Balardgone, Claude Vasconi, ...

* pour les ignorants : Association Amicale des Authentiques Amateurs d'Andouillettes
- à ce propos, c'est une triste semaine pour l'architecture : Vasconi, un autre truculent acteur - de la scène architecturale cette fois, mais qui ne dédaignait pas la bonne chair si j'en crois les rumeurs - s'en est allé jeter ses coups de pattes fulgurants, déposer des PC et pousser des coups de gueules auprès d'une clientèle qui dispose enfin d'espaces, d'une certaine hauteur de vue, de tout son temps, d'un budget illimité, et qui ne craint aucun recours : un paradis d'architecte !

- Barack OBAMA qui, bien que très sympathique de mon point de vue, reste l'homme qui est à la tête de l'armée la plus puissante du monde, est allé à Stockholm recevoir son Prix Nobel de la Paix ; je pense que c'est un signe qui illustre assez bien l'esprit de notre société occidentale d'enfants gâtés : on récompense avant l'effort ! (et oui, je deviens vieux !)

- rencontre avec Claude Parent au Pavillon de l'Arsenal, indiplômé d'architecture et d'ingénieur et académicien ; quelques mots échangés sur Anger, Auroville ; une voix chevrotante m'avouant qu'il est un vieux Monsieur maintenant (86 ans), retiré de toutes ces choses (le monde de l'architecture ?), et puis des goujats qui s'intercalent sans excuse entre nous ; quelle chose étrange de se sentir grandir juste au contact d'un grand ! J'apprends qu'une grande exposition sur Claude Parent se prépare pour 2010. "Jusqu'en 1970, ce qui m'a sauvé de l'architecture ambiante, ce sont les artistes. C'est grâce à eux que je suis vivant". Disait-il.

- une bonne nouvelle dans ce marigot : les bonus des traders vont être taxés ! mais j'ai un doute : je me demande si ce n'est pas en fin de compte une bonne nouvelle pour les traders plus que pour nous autres gueux !

- une mauvaise nouvelle pour finir : 2010 sera catastrophique (c'est moi qui vous le dit !)

lundi 7 décembre 2009

Les renards du temple


Le nouveau brûlot de Rudy RICCIOTTI est dans les bacs ! Sa lecture est fortement recommandée à plusieurs titres :
1) Vous y apprendrez que le "Saint-Christophe" était un fromage de Lorraine quand je croyais qu'il s'agissait d'une spécialité de Midi-Pyrénées
2) Il invite à une révision des saints-patrons (mais n'y a-t-il pas erreur de casting ? C'est Ste Rita qui est la patronne des causes désespérées, pas St Christophe !)
3) Il permet de faire le point sur quelques courants philosophiques ou artistiques tels que : le situationisme, le maniérisme, le trotskysme, l'hooliganisme, ou même le fellationisme (qui semble être la spécialité d'une profession...), etc.
4) Il y est possible de croire qu'il existe des agents immobiliers de gauche (Rudy, si tu en vois un : tu m'appelles !)
Bon, j'arrête de déconner.
Pour Ricciotti, les "renards du temple", par analogie aux "Marchands du temple" du Nouveau Testament, sont principalement tous les tartuffes de la norme environnementale, les ayatollahs de la doctrine HQE qui, sous prétexte de développement durable, imposent à l'architecture des règlements supplémentaires qui tirent le monde de la construction vers le bas en terme de qualité.
Evidemment, comme toujours chez l'écrivain-poète-architecte sudiste, tout le monde en prend pour son grade : membres des associations de quartier, bobos, trotskars, promoteurs, financiers, architectes bêlant, faux ingénieurs, plumitifs de l'administration, etc.!
Ricciotti nous tend un miroir...
Pas facile de nous regarder. Mais une bonne purge ça peut guérir !

Mais c'est aussi (et surtout si les âmes sensibles veulent bien passer au-delà du verbe) un livre qui propose des pistes alternatives intéressantes en faveur d'une vie où la valeur travail peut se conjuguer avec raison, plaisir, esthétique, poésie...sous réserve d'une honnêteté intellectuelle non établie, incertaine et combattante.
J'y reviendrai

dimanche 6 décembre 2009

Harcèlement

Ca fait 3 fois en quelques minutes que la sonnerie de mon IPhone m'informe que :
"Alerte SFR info :
(là on se dit que Bayrou s'est peut-être immolé devant les grilles de l'Elysée, que Domenech a déposé sa candidature pour les Régionales au Parti Socialiste, que Polanski a passé avec succès sa 3ème étoile, que l'Abbé Pierre est ressuscité, que Carla est enceinte de triplés, ... un truc important quoi !)...
et bien : NON, on m'annonce :
"Miss Normandie élue Miss France 2010 - cliquez sur le lien (px connex internet mobile)..."
et donc juste pour vous seulement, la photo (volée) de la nouvelle Miss (moulée à la louche évidemment !) :

samedi 5 décembre 2009

J'ai vu des éléphants sur les trottoirs de la ville.
J'ai vu des chandeliers dans les squares de la ville.
J'ai vu des pantins sur les murs de la ville.
J'ai vu des titans dans le ciel de la ville.
J'ai vu des êtres à têtes de chien dans les rues de la ville.

N'avez-vous jamais remarqué la troublante ressemblance entre :

- un pied de marronnier et celui d'un éléphant ?
- les branches dégarnies des platanes et les celles d'un chandelier à mille branches surchargées de cire ?
- le dessin des conduits en brique de cheminées sur le pignon de certains immeubles anciens et la silhouette d'un pantin ?
- certaines combinaisons de nuages et des combats de titans ?
- la tête d'un propriétaire de chien et celle de son animal de compagnie ?

mardi 1 décembre 2009

Equerre d'argent 2010 (suite)


Tout faux ! Le lauréat est Bernard Desmoulin pour le conservatoire LEO-DELIBES de Clichy le Garenne. J'ai eu l'occasion de visiter ce bâtiment il y a quelques mois. La modénature de sa façade coté rue est précise, d'une élégance un peu (volontairement ?) austère qui n'aurait rien perdu (c'est mon avis) à abriter quelques "évènements" supplémentaires. Mais Bernard Desmoulin aime à souligner la "retenue" qu'il a érigée en principe dans son bâtiment.
L'espace d'accueil ne m'avait pas convaincu : sa dimension réduite par rapport à l'ouvrage (et peut-être sa fonction ?), la combinaison intrigante des plans obliques (plafond) et des verticaux, le traitement des parements en béton brut avec les empreintes des coffrages en planchettes de bois que j'apprécie en d'autres circonstances (plus de volumes, plus de surfaces ?) m'a laissé sur ma faim, et l'escalier un peu raide qui part sur la gauche : retenue, encore ?
Nous avons visité l'intérieur ; certaines salles de répétition très modulables, avec des astuces de reconfiguration simples et fonctionnelles.
L'utilisateur semblait "enchanté" par son nouvel outil de travail.
La nuit, les circulations éclairées derrière la grande (80 m) façade vitrée sombre affichant avec une certaine force la plastique sérielle de ces immenses poteaux d'acier noirs, donnent au bâtiment un tout autre aspect, moins sévère, animé, vivant.

Parole à l'architecte :

Ce projet conjugue deux idées qui s’enrichissent mutuellement :

- Celle d’une approche « théâtrale ». Un conservatoire de musique, de danse et d’art dramatique est un équipement exceptionnel dont la mission culturelle doit s’afficher.

- Une approche urbaine. (...) Entre un axe de circulation bruyant, une station de métro (ligne 13) en sous-sol et une école qu’il importe de préserver de toute perturbation, le conservatoire articule deux milieux. Tempérant les contraintes acoustiques de l’un, il instaure avec l’autre une relation environnementale.

(...) Son enveloppe constituée d’une série de poteaux en acier, crée un effet grille qui le ferme de l’extérieur et l’ouvre, depuis l’intérieur, grandement sur la ville. Posé sur une trame de ressorts, c’est un long navire de béton (dimensions de la Caravelle de Colomb), qui s’affranchit des nuisances de la ville et des vibrations du Métro.
(...)

Ces salles se développent sur 4 niveaux, tous distribués par un large foyer ouvert en « v » sur la rue Martre. Cette double peau, bouclier acoustique et thermique théâtralise les circulations. Sa grille structurelle qui supporte la façade, lui donne l’image d’un équipement vivant et lumineux, préservant l’intimité de ses salles.
(...)

Les circulations, très généreuses, conçues pour multiplier les perspectives bénéficient toutes de lumière naturelle. Elles deviennent de vrais espaces, des lieux privilégiés rappelant qu’un conservatoire est un lieu de vie, d’échange et de rencontres.

Le programme est constitué de 34 salles dédiées à la pratique musicale, théâtrale et chorégraphique. Il comprend également un auditorium de 230 places ainsi qu’une salle d’art dramatique et un salle de répétition indépendante.